La région de Nabeul, joyau agricole de la Tunisie, se trouve à un carrefour où se côtoient défis et opportunités. D’un côté, la production céréalière s’effondre, tandis que de l’autre, les oranges maltaises s’épanouissent, offrant un contraste saisissant qui mérite d’être exploré.
La Chute des Céréales : Une Tempête en Approche
La situation des cultures céréalières dans le gouvernorat de Nabeul est alarmante. Pour la campagne agricole 2024-2025, environ 70 000 hectares sont programmés pour les grandes cultures, dont 50 000 hectares destinés au blé dur. Cependant, les agriculteurs se heurtent à une série de défis : pénurie de matières premières pour la fertilisation et conditions climatiques incertaines. Cette année, la production céréalière pourrait tomber à un niveau critique, affectant environ 15 % de la production nationale1.
Les préparatifs pour les semis avancent lentement, avec seulement 70 % des labours profonds réalisés. Les agriculteurs attendent avec impatience l’approvisionnement en semences de blé dur, crucial pour compenser une demande estimée à 12 000 quintaux1. Ce climat d’incertitude laisse présager une saison difficile pour ceux qui dépendent des céréales comme principale source de revenus.
Le Dynamisme des Oranges Maltaises : Une Lumière dans l’Obscurité
À l’opposé de cette morosité, les oranges maltaises brillent comme un symbole d’espoir et de prospérité. La production d’agrumes dans le gouvernorat de Nabeul devrait atteindre environ 460 000 tonnes cette année, marquant une augmentation significative par rapport aux 300 000 tonnes de l’année précédente2. Ce dynamisme est soutenu par une stratégie d’exportation ambitieuse : depuis le début de la saison en janvier 2024, environ 10 000 tonnes d’oranges ont déjà été exportées, avec des prévisions atteignant jusqu’à 15 000 tonnes d’ici la fin de la campagne42.
Les agriculteurs ont su tirer parti des conditions climatiques favorables et des techniques modernes d’irrigation pour maximiser leurs rendements. Malgré une légère baisse attendue de la qualité due aux sécheresses passées, les oranges maltaises continuent d’être un produit phare sur le marché international, notamment en France28.
Un Avenir à Redéfinir
Face à cette dualité, il est impératif que les autorités et les acteurs du secteur agricole adoptent une approche innovante et intégrée. La diversification des cultures pourrait offrir une solution viable pour atténuer les risques liés à la dépendance excessive envers certaines productions. Les agriculteurs pourraient explorer des alternatives telles que l’oléiculture ou d’autres cultures moins sensibles aux aléas climatiques.
La région de Nabeul est à un tournant crucial. Alors que la chute dramatique des céréales soulève des inquiétudes quant à la sécurité alimentaire et économique locale, le dynamisme des oranges maltaises offre une lueur d’espoir. En naviguant entre ces deux réalités contrastées, Nabeul a l’opportunité de redéfinir son paysage agricole et d’assurer un avenir durable pour ses communautés rurales. Le défi sera de transformer ces crises en opportunités grâce à l’innovation et à la résilience face aux changements climatiques croissants.